Par Paul Marcel MAYAGUI
Le président camerounais Paul Biya a annoncé la tenue d'un "grand dialogue national" du 30 septembre 2019 au 04 octobre 2019. Ceci, pour résoudre la crise séparatiste qui sévit dans les régions anglophones du pays. En prélude à ce grand dialogue convoqué par le président camerounais, le Premier ministre Joseph DION NGUTE a entamé, le 17 septembre 2019 une série de consultations avec l’opinion nationale et internationale. Des consultations s’achèveront le 27 septembre 2019.
C’est un pas significatif vers la résolution de la crise anglophone. Le président Paul BIYA a annoncé mardi 10 septembre 2019, la convocation d’un Dialogue national portant sur le conflit meurtrier entre des groupes séparatistes de la minorité anglophone et les forces de sécurité dans les régions anglophones. Dans une adresse à la nation retransmise sur les antennes de la radio et la télévision nationale, le chef de l’Etat a déclaré : "J'ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra (...) d'examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre Nation".
Consultation avec l'opinion
Ainsi, en prélude à cette vaste concertation nationale, le Premier ministre Joseph DION NGUTE a débuté mardi 17 septembre 2019 les consultations établies selon le calendrier de la primature, auprès des dirigeants de partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, des candidats à la présidentielle 2018, des délégations des dix régions du pays, des représentations diplomatiques au Cameroun, des leaders religieux, des associations, des syndicats, les forces de défenses et de sécurité, ainsi que les groupes armées et les victimes de violences. Ces consultations ont également été élargies à toutes autres entités désireuses de contribuer à la construction d’un Cameroun stable et prospère. A cet effet, le chef du gouvernement Joseph DION NGUTE a indiqué la création d’une adresse e-mail spéciale permettant aux citoyens résidant dans le pays et ceux de la diaspora de faire parvenir leurs contributions. Ces entretiens qui se poursuivent jusqu’au 27 septembre 2019 ont pour objectif de définir les modalités de ce dialogue et poser les jalons de ce moment historique de la nation. Il sera question pour le Premier ministre et ses hôtes de trouver une issue favorable aux tensions socio politiques qui secouent les régions anglophones du pays depuis 2016.
Pardonner pour reconstruire
Dans son adresse du 10 septembre 2019 au peuple camerounais, le Président Paul BIYA a réitéré son offre de «pardon» aux séparatistes armés qui "déposent volontairement les armes", mais promis à ceux qui s'y refuseraient de subir "toute la rigueur de la loi" et de "faire face aux forces de sécurité et de défense". Selon certains observateurs, la main tendue du chef de l’Etat pourrait permettre aux groupes armées de prendre une part active au dialogue sans risque d’emprisonnement. Seulement, la condamnation de certains leaders séparatistes à quelques jours de la tenue de cette grande consultations, pourrait de l’avis de certains observateurs entraver la participation de toutes les parties prenantes à ce dialogue.
Une initiative saluée
Suite à l’annonce de la tenue d’un dialogue national, des voix s’élèvent pour saluer l’initiative. Pour Le président du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale, Serge Espoir Matomba, “Cette adresse de M. Biya pourrait être un début de solution en espérant que la grande palabre se déroulera dans la sincérité”. En plus de cette main tendue, plusieurs observateurs estiment que c’est autour de la table du dialogue que les problèmes posés trouveront des solutions. "C’est autour de la table du dialogue, que chacun livrera pour l’histoire et pour la postérité, ses sentiments effectifs, fera connaître ses observations, indiquera ses conditionnalités et contribuera pour l’avancement de notre pays.", explique le politiste Shanda Tombé. Du côté de l’international, l’annonce a été saluée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui "encourage le gouvernement camerounais à veiller à ce que le processus soit inclusif et réponde aux défis auxquels le pays est confronté", a déclaré mardi dans un communiqué son porte-parole, Stéphane Dujarric.
Le dialogue national qui se tiendra du 30 septembre au 04 octobre 2019 au Palais des Congrès de Yaoundé est une grande palabre qui s’articulera autour des thèmes : le bilinguisme, la diversité culturelle, la cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflits, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, du système éducatif et judiciaire et de la décentralisation. Des thématiques qui permettront de trouver des solutions à la crise sociopolitique qui secoue les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun, théâtre d’un violent conflit armé depuis octobre 2016.