Par Marie Colette BABASSAGANA
En prélude à la célébration de la 46ème édition de la fête nationale du Cameroun qui sera célébrée le 20 mai 2018 sous le thème “ citoyens camerounais, restons unis dans la diversité et préservons la paix sociale, pour un Cameroun stable, indivisible et prospère; AFRICA24 vous propose un dossier spécial sur le Cameroun.
La République du Cameroun, célèbre 46 ans d’histoire commune et de vivre ensemble ce 20 mai 2018. Un vivre ensemble, qui s’est construit à travers son histoire tant du point de vue culturel, politique, ethnique, linguistique et même physique. Un pays bilingue composé d’une zone francophone et d’une autre anglophone. Le 20 mai 1972, à la suite d’un référendum, la Fédération cède la place à l’État unitaire. Puis en 1983, la République Unie du Cameroun devient République du Cameroun. Après une longue période de régime du parti unique au lendemain de l’indépendance, le multipartisme est introduit au Cameroun en décembre 1990. La République du Cameroun compte à ce jour 3 institutions républicaines : le Conseil constitutionnel, le Sénat et l’Assemblée nationale.
Sur le plan socio-culturel, la diversité culturelle du Cameroun constitue une des richesses du pays. Ainsi le Cameroun peut se vanter d’avoir deux langues officielles (l’anglais et le français), environ 250 ethnies, 236 langues locales et une dizaine de confessions religieuses qui cohabitent dans la tolérance. Cette diversité a généré une multitude d’expressions de cultures et une variété de traditions qui, font du slogan “Cameroun, l’Afrique en miniature” une réalité. Face à l’importance de la culture dans la vie de la nation camerounaise, l’État a procédé à la création de la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme. Cette institution dédiée au renforcement des liens marque la volonté du pouvoir de préserver la paix et l’unité nationale.
La paix un atout essentiel au Cameroun
La paix, bien plus qu’une devise, c’est un crédo au Cameroun. Un pays pluriel, avec une mosaïque ethnique de plus de 200 groupes, un clivage anglais- français hérité de la période coloniale, ainsi que plusieurs confessions religieuses. Cette diversité est prise en compte dans les politiques gouvernementales qui ont pour finalité de consolider un climat de tolérance, de paix, et d’unité pour une intégration réussie. Les textes fondamentaux de la République du Cameroun consacrent ainsi la laïcité, le bilinguisme et une politique de gouvernance basée sur la représentativité. Par ailleurs des programmes à l’instar de la commission nationale de la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme s’invitent dans le quotidien des Camerounais pour favoriser la paix et le vivre ensemble. Les pouvoirs publics n’ont ménagé aucun effort en instaurant ce que nous appelons équilibre régional. Bien que contesté, ce concept permet d’assurer l’accès à toutes les ethnies et tribus à des hautes fonctions au sein de l’État. Nous observons que ce projet s’applique également à la répartition des institutions Supérieures notamment dans le domaine de l’éducation” explique Franck Patrick Fokou, spécialiste en Géopolitique.
Cependant, ces 4 dernières années des crises complexes ont altéré le label “havre de paix” du Cameroun. Et à côté de la réponse militaire servie par une armée au service de la paix selon le président Paul Biya, la population est appelée à contribution dans ce combat pour la paix. Pour y arriver le gouvernement Camerounais a multiplié les actions de sensibilisation sur le patriotisme, le civisme. L’État a également renforcé ses actions de lutte contre le terrorisme.
La lutte contre le terrorisme, une affaire de tous
Attentats suicides, explosions de bombes, enlèvements, etc, le Cameroun est depuis 2014 l’une des victimes du terrorisme. Notamment dans la partie septentrionale du pays ou l’action des groupes terroristes se décrit par “l'horreur”. Dans les régions anglophones du pays, la crise socio-politique se caractérise par une insécurité et un regain des actes criminels. Confronté à la montée de la menace sécuritaire, l’État a renforcé son dispositif militaire et sécuritaire sur l’ensemble du pays. il s’agit notamment du renforcement des capacités militaires et l’instauration de la loi antiterroriste du 23 décembre 2014. Pour une optimisation de la sécurité des populations et de la préservation de la paix, le gouvernement camerounais a également procédé à l'instauration d’un couvre-feu dans certaines parties du pays; le renforcement des contrôles sur les axes routiers et lieux publics et le renforcement des effectifs des forces de défense et sécurité dans le grand nord et la zone anglophone du pays.
Suivant la politique de défense nationale, l’action civile contribue également à la riposte contre la montée des radicalismes. On peut ainsi relever l’implication des comités de vigilance contre Boko haram et la lutte contre l’insécurité. La protection et la réinsertion familiale des enfants enrôlés dans les groupes armés sont l’un des combats sociaux majeurs menés par le Cameroun. En dépit des perturbations, les Camerounais dans leur majorité semblent jaloux de la stabilité et l’unité de leur pays conquise de haute lutte.
Unité et intégration nationales: un vécu quotidien
Unité et intégration nationale, deux concepts indissociables qui marquent la sollicitude constante du peuple camerounais à l’égard des fondamentaux de paix, d’unité et de vivre ensemble. Célébrée sous le thème “citoyens camerounais, restons unis dans la diversité et préservons la paix sociale, pour un Cameroun stable, indivisible et prospère”; la 46ème édition de la fête nationale qui se célèbre le 20 mai 2018 donne à nouveau aux Camerounais l’occasion d’exprimer les valeurs fondamentales auxquelles ils sont attachés. Ceci, malgré les nombreuses perturbations sécessionnistes observées dans certaines régions du pays. “ L'attitude des Camerounais est une attitude diverse selon les perceptions qu’ils ont de ces conflits politiques. Il y en a qui sont catégoriquement opposés à cette mobilisation sociale parce qu'ils considèrent qu’elle met en question la stabilité et la souveraineté du Cameroun; et par ailleurs ils sont dans leur majorité partisans de l’État unitaire. Seulement, on peut dire que la majorité des Camerounais sont pour que le cameroun vive dans la stabilité et que son intégrité territoriale et sa souveraineté ne soient pas menacées.” explique le Pr Mathias Eric Owona Nguini, politologue Camerounais.
Selon les spécialistes, la dynamique unitaire du Cameroun a toujours été soumise à rude épreuve depuis plusieurs années. Pour ces derniers, le foisonnement culturel et la diversité ethnique et linguistique du pays ne constituent pas un facteur de division mais se présentent plutôt comme une richesse et un héritage à préserver. Ceci, pour un meilleur développement socio-économique.
Le Cameroun face au défi du développement
L'économie du Cameroun est la plus diversifiée d’Afrique centrale, non seulement grâce à de nombreuses implantations étrangères mais aussi à de nombreux groupes nationaux. On retrouve dans le pays, des activités très variées notamment dans les secteurs forestiers et agricoles (cultures de rente et vivrières), les hydrocarbures, l’industrie automobile. Dans le cadre des grands projets structurants initiés dès 2011, le Cameroun s’est lancé dans la réalisation d’importants chantiers touchant notamment au secteur énergétique. Les projets plus notables dans ce secteur sont le barrage-réservoir de Lom Pangar déjà opérationnel et les barrages hydroélectriques de Mekin et de Memve'ele, ainsi que la centrale de gaz de kribi. Et depuis, le 23 avril, la problématique du transport de l’électricité a été réglée par le lancement officiel des activités de la la Société nationale de transport d'électricité (Sonatrel). “Ces projets structurants consacrés à l'énergie permettront de résorber le déficit énergétique et créer les conditions de l'émergence d'une industrie”, explique Roger Ngaya, économiste.
Le gouvernement camerounais s’est également investi dans l’amélioration du réseau routier du pays. À Douala la capitale économique du pays, un 2e pont construit sur le fleuve du Wouri est déjà fonctionnel et l’aménagement des pénétrantes Est et Ouest a permis de désengorger cette ville poumon économique du pays. Ces infrastructures sont complétées par l’autoroute en chantier qui va relier les 2 plus grandes villes du pays. La métamorphose est tout aussi remarquable dans la ville balnéaire de Kribi qui accueille désormais un port en eau profonde opérationnel depuis mars 2018. À côté des opportunités que le port offre pour le Cameroun et plusieurs autres pays de la sous-région, son impact sur les populations riveraines ne passe pas inaperçu. Les projets structurants ont en effet permis la création de plus d’1 millions d’emplois directs au Cameroun depuis 2011. Désormais l'Économie camerounaise se démarque par sa résilience et sa diversification reconnue par les instances économiques et monétaires internationales.
L'équation de l’emploi des jeunes
Assis devant l’écran de son laptop, Georges, 30 ans est à l'affût d’une annonce d’emploi. l'ingénieur en réseau et télécommunication est à la recherche d’un emploi stable. “ Je cherche un vrai travail depuis 2012, juste après l’obtention de mon diplôme”, explique-t-il d’un air fatigué. “ J’ai déposé plus de 50 demandes d’emploi. Seuls septs m’ont conduit vers des entretiens d’embauche qui n’ont malheureusement pas été concluants” argumente-t-il. Comme Georges la majorité des jeunes Camerounais sont en proie au chômage et au sous-emploi. Dans un pays où plus de la moitié de la population est constitué de jeunes, des cas comme celui de Georges sont légion. D’après les chiffres du Groupement inter patronal du Cameroun, sur 10,3 millions d’actifs au Cameroun, seulement 9,5%, soit plus d’un million de jeunes diplômés sont employé dans le secteur formel.
Pour pallier le problème le gouvernement camerounais a fait de l’insertion professionnelle des jeunes son défi. Ainsi, plusieurs programmes d'insertion socio-économique des jeunes ont été mis sur pieds par les autorités ; il s’agit entre autre du Programme d’appui à la jeunesse rurale et urbaine (Pajer-U), du Projet d’insertion Socio-économique des Jeunes par la création des micro-entreprises de fabrication du matériel sportif (Pifmas), du Programme d’Appui aux acteurs du secteur informel (Piaasi) et du Programme d’aide au retour et à l’insertion des jeunes de la diaspora (Paru-Jedi). Et puis pour une jeunesse intègre, le gouvernement a créé l’Agence du service civique national de participation au développement. Les stratégies d’emploi du gouvernement, ont pris une nouvelle orientation en 2016, avec l’annonce par le chef de l’État Paul Biya, d’un plan triennal spécial jeunes. Ce Plan spécial jeune bénéficie d’un financement de 102 milliards de Fcfa. En janvier dernier, le ministère de la jeunesse recensait 160. 000 jeunes inscrits. À ce jour, plus d’une cinquantaine de jeunes à travers les 10 régions du pays, ont reçu des chèques et matériels pour la mise en oeuvre de leurs projets. En dépit de ces avancées, les avis des jeunes divergent sur l’efficacité de ce projet gouvernemental. “ nous voyons les efforts du gouvernement sur le plan de l’insertion professionnelle des jeunes, mais nous pensons qu’il peut faire mieux. Ceci commence par l’amélioration de formation, l’utilisation des savoirs locaux pour réaliser certains grands projets et développement de l'entreprenariat jeune”, argumente Jeanne, ingénieur à la recherche d’emploi.
Retrouvez en complément de cet article une playlist d’éléments vidéos réalisés par la rédaction d’AFRICA24 TV.