Selon le récent rapport de l’Ong Osiwa spécialisée dans la promotion de la bonne gouvernance, la fraude fiscale a fait perdre à l’Afrique, 210 milliards de dollars entre 2002 et 2011. Un rapport qui ne laisse pas des spécialistes inactifs.

source rapport Osiwa 2015
Les chiffres publiés par l’Ong Osiwa font froid au dos. L’Afrique de l’ouest a perdu 210 milliards de dollars (près de 100.000 milliards de Fcfa) entre 2002 et 2011 à cause de fraudes fiscales de multinationales. Et les pays les plus touchés dans la région ouest du continent par cette évasion fiscale sont le Nigéria où 142 milliards de dollars se sont évadés, la Côte d’Ivoire avec 23 milliards de dollars et le Togo avec 18 milliards de dollars. Pour le commanditaire du rapport sur le phénomène, la manipulation de la facturation des transferts est l’une des causes phares. Comme l’a expliqué à Africa24TV, Ibrahima Aidara, l’un des auteurs du rapport publié le 13 juillet dernier: “ Le principal facteur explicatif est la pratique illicite par les multinationales de la surfacturation et/où de la sousfacturation.” Une pratique beaucoup plus détaillée par l’économiste sénégalais Boubacar Bâ qui explique que souvent, “les multinationales font une comparaison des impositions fiscales et choisissent les pays qui les accepteraient avec de meilleures conditions fiscales. Ce qui fait qu’il y a des pays qui acceptent des conditions pas possibles tout simplement pour que ces multinationales n’aillent pas ailleurs.”
“Il faut une harmonisation de la politique fiscale dans l’espace communautaire”
Selon le rapport, en Sierra Leone par exemple, “les sociétés internationales ont bénéficié d'exonérations d'impôt s'élevant à 224 millions de dollars US en 2012, soit l'équivalent de 55% des recettes de l'Etat, huit fois le budget de la santé et sept fois le budget de l'éducation”. Plus loin, l’on note que les pertes liées à la fraude des multinationales se montaient à 18 milliards de dollars en 2011 au sein de la Cedeao, soit ⅓ de plus que l'aide au développement (évaluée à 12 milliards de dollars cette même année).
Pour parer à cette fuite de capitaux qui ne cesse de progresser, il faudrait élargir les assiettes fiscales de manière consensuelle selon l’organisme Osiwa. Ceci, en vue de favoriser la transformation économique de la sous-région par le biais de sources de financement intérieures. Une position soutenue par l’économiste sénégalais Boubacar Bâ: “Il faut une harmonisation de la politique fiscale au niveau de l’espace communautaire UEMOA et même au sein de la Cemac.” “Il faudrait le partage d’information parce que les multinationales ne fournissent pas de bonnes infos sur les services qu’ils fournissent entre elles. Il y a des transferts de bien, de service et elles sousfacturent, c’est une forme de fraude” a-t-il conclu.
Dans sa présentation au sommet G7 en juin dernier, le Président sénégalais Macky Sall a fait savoir qu’« environ 60 milliards de dollars sortent illégalement de l'Afrique chaque année. Ce qui représente plus que le montant total annuel de l'aide au développement alloué au continent et qui équivaut au total des transferts des émigrés vers l'Afrique. » Avant d’appeler à une lutte efficace contre l'évasion fiscale et les flux financiers illégaux et convier les pays membres du G7 et du G20 à participer à cette lutte.