Transcription de l'INTERVIEW Avec le Président de la République du Congo : Dénis Sassou Nguesso Par : Marie Colette BABASSAGANA
Fanny:
Bienvenue à tous et merci de nous rejoindre pour cette nouvelle édition de l'interview. Interview exclusive aujourd'hui puisque je reçois le Président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso, bienvenue monsieur le président et merci d’avoir accepté notre invitation sur Africa 24.
PRÉSIDENT :
Merci beaucoup madame.
FANNY :
Monsieur le Président, vous êtes également le président du comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, le secrétaire général des nations unies a loué la qualité de votre médiation. Vos pairs du continent et toutes les parties libyennes sont unanimes à soutenir la solution africaine que vous préconisez. Vous avez rendu un rapport sur la libye à vos pairs chefs d'état, Quels sont les points forts et déterminants de votre proposition?
PRÉSIDENT :
Le premier point important c'est le fait de reconnaître que la libye est un pays africain, que la crise libyenne est une crise africaine, et que l'Afrique à travers l'Union africaine ne peut pas être marginalisée dans le cadre de la recherche de solutions d’un problème libyen qui est un problème africain. Nous pensons que cette idée a été acceptée par la communauté internationale, c'est à dire ramener l'Afrique au centre du problème libyen et je crois que c'est une première décision importante.
Deuxièmement, l'Afrique depuis 2011 avait déjà dit que la solution à la crise libyenne devrait être une solution politique et qu'il n'y avait pas de solution militaire à la crise libyenne.
Je crois que cela aussi a été reconnu ces derniers temps, notamment à Berlin et voilà pourquoi dans la déclaration de Berlin il a été demandé à l'Union africaine d'organiser un forum de réconciliation inter-libyen inclusif et c'est la tâche à laquelle nous nous employons à ce moment.
FANNY :
Alors justement cette idée de forum inter libyen vous y étiez favorable depuis le début, elle a été entérinée par le conseil de paix et sécurité de l'union africaine. Quand pourrait se tenir ce forum ?
PRÉSIDENT :
Nous lançons la mise en place du comité préparatoire, nous avions déjà indiqué que les discussions pourraient se dérouler ici, au sein de l'Union africaine à Addis abeba. Nous savons qu'il y'a d'autres propositions qui proviennent des Etats membres, mais pour l'heure il s'agit de mettre en place un comité préparatoire, un comité de facilitation et préparer les conditions de la tenue ce forum qui devrait voir la participation des forces vives de la libye et les tribus, les chefs de tribu, des responsables religieux, les jeunes, les femmes, les formations politiques et sociales.
Il faut entraîner l'ensemble du peuple libyen à prendre en main son propre destin et nous croyons que c'est la voie à suivre. Cette année sera déterminante, mais avant nous avons demandé que tout soit mis en Œuvre pour qu'il y’ait un réel cessez le feu en libye. On ne pourrait pas promouvoir une solution politique si les violences ne s'arrêtent pas.
FANNY :
La mission des Nations Unies en libye a dénoncé la poursuite des violations de l'embargo sur les armes et finalement d'un cessez le feu qui n'est pas appliqué. Quelle pourrait être la solution? Est ce que des sanctions sont envisagées?
PRÉSIDENT :
C'est le rôle du conseil de sécurité des nations unies de faire appliquer parce que la résolution des Nations Unies sur l'embargo a été prise depuis 2011 et elle n'a pas été respectée. il revient donc au conseil de sécurité des Nations Unies de faire appliquer ses décisions et aujourd'hui nous attendons aussi du conseil de sécurité qu’il oeuvre de sorte que les parties belligérantes en Libye en arrive à signer les textes de cessez-le-feu.
FANNY :
Vous parliez tout à l'heure de se forum inter libyen, des protagonistes de la crise, des belligérants. On le sait, la crise libyenne est très complexe, Quelle sera l’approche de l'Union Africaine pour réunir tous les acteurs de cette crise autour de la table des négociations?
PRÉSIDENT :
Cela a déjà été dit à Berlin et on le dit tout le temps. Il y'a même des personnalités de haut rang qui ont parlé de la guerre libyenne comme d'une guerre par procuration donc qu'il faut d'abord travailler pour obtenir que les ingérences extérieures à la Libye cessent alors il ne nous sera pas difficile d'entrer en contact avec les différentes parties libyennes. Nous avions par le passé pris contact avec les différents chefs de tribus en libye et nous les avons réunis à Brazzaville, une quarantaine de chefs de tribus: nous avons discuté avec ces personnalités là, qui étaient favorables à l'idée d'une conférence de réconciliation nationale en Libye donc nous irons au contact direct des parties prenantes.
FANNY :
Que pensez vous des difficultés finalement à faire se rencontrer les deux principaux protagonistes de la crise en libye: FAYEZ AL-SARRAJ du gouvernement d'union nationale et le maréchal KHALIFA HAFTAR qui refusent de se rencontrer ?
PRÉSIDENT
Ce sont des libyens. Nous ne pensons pas qu'ils pourront tourner le dos à une réunion au cours de laquelle on aura rassemblé le peuple libyen dans toutes ses composantes. Ils sont libyens et ils réaliseront je pense, que c’est l’intérêt du peuple libyen, des dirigeants libyens de prendre en main le destin de ce pays et de ce peuple qui Souffre beaucoup. Nous ne perdons pas espoir. Nous pensons que nous allons obtenir que le maréchal HAFTAR et le président SARRAJ se mettent ensemble autour d'une table, et avec les autres libyens.
FANNY :
Vous le disiez, ce processus passe aussi par la fin de ces ingérences de puissance tierces, souvent non continentales, qui viennent finalement brouiller la qualité de vos travaux. Comment finalement passer au dessus de ces ingérences? Quelles solutions peut trouver l'Union africaine face à ces ingérences quand on sait par exemple que des miliciens, des mercenaires auraient été envoyés, seraient envoyés par la turquie?
PRÉSIDENT :
Les ingérences extérieures à la Libye sont multiples. Nous ne les désignons pas au cours d'une interview comme celle ci, mais lorsqu'il s'agit de trouver une solution à un problème qui intéresse l’avenir d'un peuple, l’Union Africaine saura établir les contacts avec les parties qui jouent un rôle en Libye.
FANNY :
Monsieur le président une dernière question : à l'heure où le continent tente d'avoir une place de premier plan sur la scène internationale, devenir un acteur de premier plan, le continent a aussi besoin de visibilité. Quel regard portez-vous sur les médias comme Africa 24 qui aujourd'hui participent à la promotion et à la visibilité de l'Afrique?
PRÉSIDENT :
Nous saluons votre travail et nous vous encourageons, et on souhaite que les médias de manière générale parlent de la véritable Afrique, et l'idée qui consiste pour les médias à ne parler de l'Afrique qu’à travers les malheurs, de montrer que ce qui ne va pas et faire un peu de la déstabilisation du continent…
En Afrique il n'y a pas que des choses qui ne marchent pas, et malgré les difficultés qui sont conjoncturelles, nous pensons que l'afrique est véritablement en marche et donc s'il vous plaît, montrez aussi l'Afrique dans ce qui marche ce qui va bien et ces aspects là ne manquent pas; je ne parle pas qu’à Africa24, je parle aux médias de manière générale. Vous les journalistes, rien ne vous empêche de parler de l’Afrique qui marche.
FANNY :
Monsieur le président de la République du Congo Dénis Sassou Nguesso, merci de nous avoir accordé cette interview sur Africa 24. Merci également à vous de nous avoir suivi. Vous pouvez retrouver cette émission et tous nos autres programmes sur www.africa24tv.com.
PRÉSIDENT :
je vous en prie.